Ambrose Akinmusire 5tet @ Duc des Lombards (16.04.2014)

Publié le par yannis

ambrose
Ambrose Akinmusire trompette; Walter Smith III sax; Sam Harris piano;
Harish Raghavan basse; Justin Brown batterie.
Ambrose Akinmusire livre enfin son troisième album « The imagined savior is far easier to paint » (et son deuxième album pour le label Blue Note). Et ses premiers concerts parisiens, le mois dernier, à l’occasion de trois soirées de hautes volées où son quintette a tout simplement plongé toute l’audience dans une atmosphère musicale exceptionnelle. Des mélodies complexes et travaillées, des textures sonores enchanteresses, des variations de tons et d’émotions. Pendant ces trois jours, de nombreuses musiciens sont d’ailleurs venus entendre la palette d’expression sonores très larges d’Ambrose Akinmusire et son quintette. Pour ne citer que quelques uns: Jack de Johnette, Esperanza Spalding, Michel Portal, Gregory Porter, Logan Richardson (ce dernier a même partagé la scène pour un morceau) ...

Le titre de son nouvel album fait référence à la peinture - une attirance artistique que l’on retrouve dans la richesse des compositions. Entre des up-tempos et des ballades, entre des morceaux uniquement instrumentaux et des parties chantées. Par exemple, le premier morceau « Marie Christie » est d’une éblouissante expressivité: le phrasé, la densité sonore, le goût des nuances d’Ambrose Akinmusire subjuguent l’auditeur, le tout sur un tapis d’accords d’une rare simplicité jouée par le pianiste Sam Harris

Ce qui peut étonner, de prime abord, de la part d’un virtuose de la trompette, c’est le contrepied pris à mettre l’accent sur la composition, en introduisant un quatuor à cordes et des voix avec notamment la chanteuse Becca Stevens sur le morceau « Our Basement » (dont elle est également la compositrice - tous les autres morceaux sont écris par Ambrose); mais aussi le chanteur Theo Blackmann dont la voix sur le morceau « Asiam » se substitue à merveille au chant d’Ambrose à la trompette. Mais quand on connait le degré de concentration intense que requiert le processus de création artistique, des liens étroits entre épanouissement personnel et épanouissement musical, ce chemin personnel et inventif n’étonne plus. Ce nouvel opus ne peut que réjouir le fan le plus averti et surprendre l’auditeur qui découvre pour la première fois la profondeur et la sensibilité artistique d’Ambrose

Un dernier point qui, à titre personnel, a une valeur essentielle, est la responsabilité sociale de l’artiste prônée par Ambrose. Sur son précédent album, « When the heart emerges glistening », le musicien souhaitait rappeler son indignation face aux violences policières avec le morceau « My name is Oscar » (un jeune homme de 22 ans, Oscar Grant, non-armé, tué par un officier de police le jour de l’An en 2009 à Oakland). Dans son nouvel album, un enfant récite les noms de disparus sur le morceau « Rollcall for those absent", un écho poignant qui résonne pesamment face à une justice américaine à deux vitesses. L’hommage à Trayvon Martin, et à tant d’autres, y est bouleversant de sincérité. 

Si le disque est d’une richesse impressionnante, la cohésion de son quintette donne à écouter une musique où chacun des membres communique en harmonie: une section rythmique avec une couleur inimitable (le batteur Justin Brown joue depuis près de 20 ans avec Ambrose), et une complicité musicale avec Walter Smith III qui s’entend « live », et que j’ai eu le plaisir de vivre à l’occasion d’une mémorable soirée ponctuée de deux sets de hautes volées.
Un formidable travail d’écriture, une multitude de paysages musicaux et d’émotions, une véritable expérience que je vous conseille de découvrir, dans un premier temps, via son nouvel opus « The Imagined savior is far easier to pain », et dans un second temps, en live. Et justement, Ambrose Akinmusire revient le 16 juillet prochain au New Morning !

Publié dans Festivals - Concerts

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P
Il revient au New Morning le 9 février 2016, en trio cette fois.
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